Marathons 69/100 : 48 km, (Luleburgarz – Corlu)
Il y a un moment que j’adore, c’est le moment où je rentre à l’intérieur de moi, en général la veille, pour me concentrer sur ce que je veux réaliser. J’ai toujours l’impression que c’est essentiellement là que je fais le gros du travail.
Et il y a un autre moment béni, c’est la sieste après la course. Quand j’en reviens, de la sieste, je rentre doucement dans mon corps. Par la tête d’abord. Je savoure la douceur de la lumière, d’un oreiller, la chaleur de ma peau, mon ventre. Et puis, lentement je reviens dans mes jambes, mes pieds et là je me tord de douleurs. Comme des fourmis qui attaquent les os au burin.
“Mais qu’est-ce que c’est que ce corps !” entends je mon esprit râler.
Pas grand chose à commenter aujourd’hui. C’était très long. Les longues lignes droites bruyantes, malodorantes et dangereuses de la 2 fois 2 voies. La distance que je savais trop longue… Et la conscience que j’en ai encore 2 comme ça à suivre.
Franchement, il y a aussi ce gros exercice de bien recaler chaque matin les raisons de faire ça. C’est vraiment difficile et en même temps, c’est à force de faire ça que la transformation profonde s’opère je crois.
Quand j’arrive par contre, je m’entends me féliciter. Ce que j’ai toujours trouvé un peu ridicule chez les autres. “Mais comment t’as fait ça ! Mais t’es incroyable !”.
J’ai l’impression aussi que plus j’approche d’Istanbul plus les Turques me saluent avec enthousiasme. On est de l’ordre de toutes les 10 voitures un coup de klaxon et un grand salut de la main. Ce qui fait que je cours quasiment moi aussi la main en l’air.
Vous trouvez vous aussi que je ressemble à Mbappe ?
Des fois, je me dis que je devrais me contenter de dire que je fais 100 marathons. Je crois que c’est le fait de me deviner en train de traverser leur pays en courant qui fait ça.
C’est là que je me dis que j’ai vraiment un problème.
J’ai été persuadé qu’annoncer que j’allais aller essayer d’arrêter la guerre serait ce qui susciterait une immense adhésion.
Alors pour ne pas trop désespérer, ou maintenir mon biais cognitif, j’écoute des amis. Je vous les cite en résumant un peu si jamais vous avez du temps sur la plage ou ailleurs.
Et en même temps, tout ce que ces brillants chercheurs essaient de dire me semble contenu, en beaucoup plus immédiat, dans le moindre visage que je croise. Et finalement, c’est sans doute pour moi une manière de les faire ressortir davantage.
Thomas Romer – spécialiste de la bible – RCF visages
Selon lui, l’ancien testament, c’est d’abord un mythe et non des faits historiques. Mais ça n’en reste pas moins une histoire collective puissante parlant de la réalité vécue et où l’interprétation de chacun est l’occasion de rencontres. C’est un support de questionnement et de dialogue. Pas un mode d’emploi.
Bruno Marion – l’art de vivre dans l’incertitude – RCF visages
Il est prospectiviste et émergeologue. Dans un monde qui s’écroule, comment en faire émerger un nouveau ? En regardant loin devant et en mettant les gazs conseille t il ! Rafraîchissant !
Jean Yves Leloup – Zeteo –
On connaît le prêtre orthodoxe fin connaisseur des grandes sagesses du Monde. Mais figurez-vous qu’à 19 ans, il vit une Expérience de Mort imminente à Istanbul. Marrant que je l’écoute maintenant !
Expérience dont il se souvient de la sensation d’amour inconditionnel qu’il essaie depuis de revivre et transmettre, de son vivant. Il insiste aussi beaucoup sur la rencontre de la femme pour apprendre à aimer. Inspirant !
PS : le 13 août se sera l’anniversaire de mon fils !
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.