Marathon 89/100 : 38 km, (Antalya – Antalya)
Oui, j’ai tourné en rond aujourd’hui.
J’ai pris le parcours du marathon d’Antalya et j’en ai suivi la trace. La partie Est.
J’ai été un peu plus loin parce qu’il y avait un aquapark 2 km après où ce marathon se retourne.
Je voyais déjà la photo de ma tête d’enfant prêt à dévaler le tube en plastique coloré. Probablement le plus grand que la terre ait connue. Pas l’enfant bien sûr, le tube.
Sauf qu’il y a 4 agents de sécurité devant le portique “Nirvana”.
“Bienvenue !” “Surtout si tu as 150 €”.
“Ah quand même !”
“Non mais c’est juste pour une photo…”
“Tu ne veux pas payer l’accès au Nirvana ? “
Oui, c’est vrai, c’était quand même l’accès à ce que cherche les moines bouddhistes une vie entière. C’était pas si cher si on y réfléchit.
En vérité, ça m’a un peu plombé. Je pensais mon plan nickel. La fraîcheur de l’eau, la joie de l’objectif atteint, la confirmation que la vie récompense ses apôtres en distractions royales !
La vie n’a peut-être aucune morale.
J’avais maintenant juste 19 km à faire pour revenir, il faisait très chaud et j’étais exclu pour des histoires bassement matérielles.
Cela dit, au km16, j’ai été aussi nez à nez avec un autre portique. Immense. Celui de la TRT. Le média national turc. Yunus ne pouvait pas me laisser entrer. Erdogan est pour arrêter de bombarder Gaza. Je me suis dit qu’il pourrait me trouver divertissant. Yunus m’a conseillé une adresse où écrire.
Voilà, je vais encore rester 2 jours à essayer de battre mon propre record sur le marathon d’Antalya. Je pense le vrai exploit serait de faire encore plus long.
Ça me motive pour soigner ce qui peut l’être et retrouver un peu de fluidité à défaut de sortir complètement de l’allure de playmobil.
Après je pense je vais reprendre la route. A la fois pour anticiper le bateau qui reste un peu hypothétique et avoir une vraie raison de courir. Aller quelque part. Continuer ce plaisir d’être en alerte permanente.
En parallèle, les compagnies aériennes annulent pour quelques jours les vols pour Tel Aviv.
On peut dire que les acteurs du monde ont le sens du suspense.
En attendant, je profite d’Antalya. Mer, montagnes, centre ville traditionnel, touristique et la grande plage à l’ouest occidentalisée, jeune et prête à ne rien céder à ses désirs. Semble t il !
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.