Semons l'Amour

Marathon 54/100 : 40 km, (Aleksinac – Nikola Tesla)

Pas d’énergie aujourd’hui… Je me suis traîné. Mais j’ai eu de la chance. Je ne me suis pas affolé. Parce que je constatais quand même que j’avançais.

J’utilise beaucoup les méditations de Jonathan Lehmann. J’adore. Dans l’une d’elle, il recommande de se concentrer sur le moment que tu vas kiffer a priori dans la journée à venir.

Moi, je visualise le moment où se dessine, sur l’horizon, la ville étape.

L’efficacité de cette méditation me permet aussi de voir qu’aux difficultés de courir un marathon, j’ajoute parfois des pensées, sans m’en rendre compte et parce que la question objectivement se pose, “je ne vais pas y arriver, c’est trop dur”.

Alors j’essaie de les débusquer ces pensées et de m’observer en train de courir, en train de réussir à atteindre ce pont, ce café et penser, “mais t’es trop fort. Comment tu as fait ça “.

Je suis arrivé dans la ville “Nikola Tesla”. C’est quand même marrant, dans la ville de l’inventeur serbe qui voulait offrir l’électricité gratuitement à tous les foyers du monde, il y a une panne de climatisation dans ma chambre.

Il a un bon mobile, il est mort en 1943.

Il a notamment inventé le courant alternatif qui est désormais partout.

Nikola Tesla c’est fascinant de lire sa biographie. On voit que la folie et le génie se marient très bien.

Il m’amène cette impression que bien des choses partent de nos névroses et que je me demande s’il existe des personnes toutes blanches ou toute noires. En photo une jolie citation de lui et une autre plus inquiétante.

J’ai écouté plusieurs astrophysiciens aujourd’hui. Notamment François Hammer. Ce que je retiens, c’est que notre galaxie elle est un million de fois plus vaste que notre système solaire qui n’est déjà pas petit.

Et qu’il existerait de l’ordre de 2 000 milliards de ces immenses galaxies.

Que pour l’instant, il n’y aucune autre trace de vie que nous dans ce loft aux superficies infinies.

Pour dire le miracle absolu de notre existence. Rien que ça, notre bonheur à être vivant pourrait subir bien des contrariétés, clim compris.

Mais ces scientifiques nous rappellent aussi que l’atmosphère qui nous protège est d’une extrême finesse. Pourtant malmenée par le cumul de nos atteintes au vivant alors même que l’univers est en expansion. Dont le soleil qui émet de plus en plus d’énergie.

Ça veut dire un truc simple. Même sans nous entretuer, sans bousiller nous mêmes notre habitat, l’humanité est condamnée.

Je trouve cette nouvelle profondément rassurante. Parce que pour moi, embarqué dans ce même bateau, j’aurais tendance à penser que ça nous donne envie de mettre la plus grande beauté à notre chant du cygne collectif.

Faites passer la mauvaise nouvelle pour qu’on célèbre enfin la joie d’être vivant.

Et puis il y a aussi 2 nouvelles plus basiques qui me réjouissent magnifiquement. Le fait que mon hôtel du jour soit vraiment pas agréable, m’a stimulé à mieux planifier la suite.

J’ai recoupé plein de cartes, testé pleins de nouveaux itinéraires et je suis parvenu à un parcours jusqu’aux yaourts à Sofia en 4 marathons.

Ce qui me conduirait à une dégustation des yaourts dans un hôtel à 35 € avec une piscine de 30 mètres. Là je pense que je viens de mettre échec et mat toute l’histoire du guide du routard.

Si je parviens à cette piscine, il me resterait ensuite 14 marathons pour aller à Istanbul.

Rien n’est fait bien sûr. Tout peut arriver. Mais ayant fait 10 marathons en les terminant sous presque 40 degrés, je pense que c’est possible.

Ce qui me met en joie, c’est un plan que j’ai échafaudé tout en ayant conscience que c’est rare que ça se passe comme je le prévois. Mais je crois le plan réaliste. Jugez plutôt.

A Istanbul je débarque à l’ambassade française. Au monsieur qui offre les Ferrero je dis “j’aimerais bien traverser la Turquie en courant pour aller à la frontière syrienne. Vous auriez des conseils d’itinéraires ?”

“Mais bien sûr cher Monsieur. On va vous donner ça. Voudriez vous reprendre un Ferrero et un kebab en attendant ? – (on est en Turquie)”.

Il revient avec un géographe, spécialiste des parcours marathons magnifiques et ombragés lorsque l’ambassadeur soudain s’enquiert “On vient de m’apprendre que vous venez de France et que vous voulez essayer d’arrêter les fusils entre Israël et Palestine. Mon jeune ami, vous auriez dû me le dire tout de suite. Je vais demander à ce qu’une équipe vous suive à travers notre pays. Et je vais contacter mon collègue en France pour la Syrie afin qu’il travaille à pouvoir poursuivre notre accompagnement de votre parcours. C’est bien cela vous voulez traverser la Syrie. Par leurs sublimes montagnes n’est ce pas ? Ce que vous faites paraît fou. Mais ce qui se passe là bas l’est plus encore. C’est notre travail d’essayer. Parce que je ne peux pas dire que vous n’avez aucune chance. Je m’engage personnellement. Merci de m’offrir cette chance de participer à faire rêver l’humanité”.

Pendant qu’il essaie de retenir son émotion, j’ose une dernière demande : “personne ne veut le dernier Ferrero ?”

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