Semons l'Amour

Marathons 65/100 : 33 km, (Harmanli – Svilengrad)

Blague transmise par Éléa :

“Un humain arrive sur une planète où un extraterrestre dit : “179 ” et les autres se mettent à rire. L’humain demande pourquoi. L’extraterrestre explique que leurs blagues sont trop longues à raconter alors ils les transforment par des chiffres. L’humain : “Je veux essayer, je veux essayer”.

202.

Et les extraterrestres se mettent à rire.

“Elle était bonne celle-là. On la connaisait pas”.

C’est un peu curieux, j’arrive au bout de l’Europe. Enfin à un des bouts.

Est-ce qu’il y a un truc différent juste derrière ?

D’un coup les hommes paient leurs emplettes en faisant des blagues ? Seuls les enfants ont le droit de conduire ? Et seulement des tracteurs en plastique fushia.

Il y aurait beaucoup plus de chiens errants d’après les journaux. 4 millions. Ils veulent passer une loi pour euthanasier ceux qu’ils jugent dangereux et non adoptables.

Dit comme ça, je me suis dit, la grosse différence, c’est qu’après la frontière, on va me prendre pour un steak haché.

Mais ma réalité à moi, c’est que les chiens qui aboyaient étaient quasiment que ceux qui étaient derrière des grillages ou pire dont on a fait des gardes de quelques pneus, attachés toute la journée à une chaîne.

Hier, j’ai vu 2 jeunes chiens. Des frères qui avaient dû jouer un peu trop follement. L’un d’eux a été heurté par une voiture. Son frère l’a tiré sur le bas côté et il geignait pour que quelqu’un s’arrête et sauve son frère. Il n’en voulait pas aux voitures. Il pensait même qu’elles seules pourraient l’aider.

La réalité, je crois la percevoir toujours plus complexe, nuancée, implacable, à la morale douteuse parfois mais le plus souvent fascinante.

Ce qui me surprend, c’est que je me sens bien moins fatigué qu’au début et que je n’ai jamais vraiment eu l’impression de changer de territoire.

Peut-être est-ce d’avoir eu constamment les mêmes repères ? Le béton des routes et leurs lignes blanches, le soleil chaque matin brûlant quelques herbes sèches, les mêmes types de voiture, la même manière de s’écarter en me croisant, de me saluer, étonné parfois. La même carte de crédit pour payer les mêmes types de boissons, écouter les mêmes musiques américaines en prenant un café avec les mêmes types d’hommes qui passent. Des immeubles, des maisons, des poubelles à ramasser, la chaleur qu’on fuit, les sourires qui éclairent la journée et l’imprévu, un homme qui passe en courant et qui ouvre la voie à un autre possible…

Chacun est unique, singulier, comme leurs cultures bien sûr mais plus j’avance plus ça me frappe à quel point ce sont d’abord les situations qui conditionnent les réactions des gens, de chacun de nous.

Je vais franchir la frontière demain. Google maps m’annonce une étape de 51 km.

La ville où je vais s’appelle Erdine. On est au carrefour de la Bulgarie, de la Grèce et de la Turquie. Mais cette ville est Turque aujourd’hui. Seulement depuis 1923 par contre…

Dans le guide touristique ils disent la ville de la paix. Admettons, si on apprend de son histoire…

Il y a près de 150 000 habitants. Cette ville a connu une quinzaine de sièges ou de batailles importantes. On comprend quand on regarde la carte. Elle se trouve à la confluence de trois fleuves et d’autant de vallées, dans une région accidentée. C’est un point de passage entre peuples. Un point de friction, théâtre de nos discussions sur notre liberté, nos propriétés, notre manière d’échanger, notre confiance en l’autre, notre vision du monde et la démonstration de notre force pour faire valoir notre pouvoir.

Il y a plus de 100 ans, quand la ville a changé de propriétaire, les 2/3 des bulgares ont dû quitter la ville. Est-ce qu’une telle histoire joue sur le caractère des personnes ? Éléments de réponse demain…

Et sinon, comme j’ai lu qu’Angers avait envoyé 500 personnes “méritantes” (un terme qui donne à réfléchir, sachez vous qui me lisez, que personnellement je vous crois tous intéressants à votre façon) aux JO, si l’une de ces personnes à l’occasion de croiser Peter Paltchik. Si vous pouvez lui montrer la première photo.

J’ai pensé à lui et je voulais la lui offrir avec ce petit mot :

Je pense à toi pour la compétition de ce soir (une possible médaille de bronze à la clé). Sache que quoiqu’il se passe je suis sûr que comme moi tu espères l’essentiel : qu’on puisse se retrouver dans notre ville de Jérusalem. Avec nos frères et que l’on puisse danser.

Enfin, danser ensemble, c’est une image bien sûr. De nos jours, il faut préciser. Des hommes ensemble, ça pourrait jaser.

Cette photo, de ma part. Avec plaisir ! 😊🤗

Merci à celui où celle qui réussira cette incroyable mission. N’oubliez jamais que les actes symboliques sont les plus puissants. Le rapport entre efficacité et moyens.

Belle soirée à tous.

A demain, j’espère.

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