Marathon 70/100 : 51 km, (Corlu – un peu après Silivri)
Je suis à 70 km d’Istanbul. Que je dois atteindre en 2 jours. Donc je peux vous l’annoncer aujourd’hui, même si un fan me vole mes chaussures, je vais être au rendez-vous pour rendre mes hommages à la représentante adjointe de la France à Istanbul.
J’aurais aussi bientôt fait 3 000 km.
Et pour arriver à la frontière syrienne il reste 1 100 km.
Une promenade !
De sorte que j’ai zyeuté via Google à quoi ressemble le poste frontière…
Je crois histoire de me projeter, imaginer ce qui permettrait d’aller au-delà.
Je vous laisse juger de l’ambiance générale à travers les 3 derniers clichés (des amis de Google) que je publie.
Moi je vois un paysage et des villages comme partout. Mais un gigantesque mur qui s’étire jusqu’à la Mer et qui semble dire “si tu passes sans autorisation, il vaudrait mieux pour toi que tu cours vraiment très très vite”. Et un poste frontière qui dit “sauf à ce que ta grand mère malade et syrienne depuis 10 générations soit en train de rendre l’âme et puisse nous offrir un café, tu n’as aucune chance de passer”.
Ça semble désespéré. À vue d’œil donc. Mais pour autant, il y a un truc que je peux faire, c’est essayer.
Et mon plan consiste déjà à arriver dans de très bonnes conditions auprès de Madame la consule adjointe. J’ai été bien aidé pour cela aujourd’hui.
Enfin, j’étais très motivé dès le départ. Parce que je me dirigeais… vers la Mer !!!
J’ai l’impression aujourd’hui que j’aurais pu faire le tour du monde d’une traite sur l’autoroute tant j’avais hâte.
Reçu comme un prince dans le restaurant, les pieds dans le sable chaud, de Hamza et son cousin Mohamed. Grâce à eux, j’ai découvert les frites au miel.
Ils parlaient français et m’ont dit : “mais il y a la guerre là-bas”.
Comme il y a largement assez de personnes à ne pas comprendre ce que je fais, j’ai préféré savourer simplement notre rencontre et mes frites.
Et oui Hamza, les Turcs sont formidables. Mais pas moins que les parisiens, les palestiniens ou les américains. Ne nous laissons pas avoir par les apparences. Les souffrances ne se voient pas et nous sommes bien tous que le produit de nos histoires.
Et puis il y a cette plage ce soir d’où je vous écris. Pour vous dire que je pense à vous.
Mais que je vais vous laisser pour aller me baigner !!!
2 podcasts que je vous partage, que je résume sans malheureusement avoir davantage de temps pour expliquer en quoi ils m’aident pour ce projet. Mais vous devinerez je crois…
Comment finir une guerre ? – un podcast en 8 épisodes qui revient sur la revendication de l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna, soit Pays basque et Liberté en basque). La question de l’identité, des frontières de nos libertés, de la violence légitime. C’est ETA qui annonce en 2011 le cessez le feu définitif. On apprend qu’il y a un nombre innombrables de spécialistes des processus de paix, que l’État espagnol payait des mercenaires pour abattre les dirigeants d’ETA, qu’à l’origine de ce souhait d’indépendance il y a une réussite économique…
Au nom du fils, Transfert
Avec mon fils Simon, on s’est souvent dit qu’on pourrait faire un documentaire entier sur chaque personne. Que ce serait forcément passionnant. Sur ce projet, la langue, le temps, les moyens techniques, l’énergie ne me permettent pas même d’envisager autre chose que de voir dans l’autre, beaucoup plus que mon propre reflet. C’était cela dit, un peu l’ambition de mon premier film.
Alors merci à toutes ces personnes qui concentrent leur énergie à partager l’histoire d’une personne.
Ici, c’est Jean. Un père dont l’enfant va commettre un crime.
La grande histoire pour moi est toujours liée aux petites histoires. On peut entendre là l’Amour pur lorsqu’un père dit “ce qui t’arrive m’arrive. Et nous en sortirons ensemble”. Ça ça me donne une énergie dingue pour courir.
On peut aussi voir comme nous jugeons, ou sommes compréhensifs, en fonction de là où l’on se trouve. Et par dessus tout je crois, (et le reportage curieusement ne le souligne pas) ce que nous avons vécu, nous avons bien tendance à le reproduire de manière allégée, inversée parfois. Ce cas montre cela en tous cas. Comme si c’était nécessaire à notre évolution. Pour comprendre peut-être l’autre qui nous a fait souffrir ?
Jean dit : “je voulais tout faire pour qu’il ne vive pas ce que j’ai vécu” (la séparation de ses parents, la coupure, les violences familiales) Et il le lui a fait vivre malgré tout.
Et puis le nom du producteur artistique : “Benjamin Saeptem Hours”
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.