Marathons 59/100 : 48 km, (Sofia – Ihtiman)
La première ville de mon parcours où il y a une chambre d’hôtel disponible est à 110 km.
Heureusement je suis allé allumer un cierge dans la cathédrale de Sofia.
Ça ressemble à une blague cette première phrase.
Mais en vrai, beaucoup de paramètres me semblaient compliqués. Je n’en menais donc pas large.
Alors j’ai prié que le projet soit aidé et qu’il advienne ce qui doit advenir.
En rouvrant les yeux, je vois sur le sol de l’immense édifice, cette petite plume blanche.
Ma sœur dit que les anges laissent ce genre de traces.
J’y pense depuis…
Je cherche un oiseau dans cette grande cathédrale ou Jean Pierre Beliveau (référence accessible qu’aux personnes de mon âge) afin d’expliquer l’objet perdu… En vain !
Alors, étonné et convaincu, j’allume le petit cierge. Pour remercier.
– Léger retour en arrière –
Il était 19h hier lorsque je viens de raccrocher d’une visio avec mes enfants. J’étais devant la piscine pour qu’ils se disent “mais trop tranquille son truc d’arrêter la guerre”. Lorsque soudain l’hôtel décide d’ambiancer le spot à l’aide d’une playlist de rap. Ils n’entendaient plus que la musique. Peut-être passager…
Histoire de meubler, je décide de plier mes doigts, faire des grimaces et déclamer des phrases anti-systeme. Ou l’inverse.
Mon truc est hyper bien fait, une fille dont les fesses avaient englouties le maillot de bain est passée en arrière plan.
A 19h donc, je raccroche et je reprends d’écrire. Mais dans le hall de l’hôtel pas ambiancé. Au calme quoi !
La jeune fille au petit maillot de bain traverse le hall. Moi qui avait peur que mon short ça fasse un peu décontracté…
Et puis, figurez vous qu’elle vient me voir. Je ne suis pas spécialiste mais je crois qu’elle faisait semblant de parler mieux que moi anglais.
La situation est improbable. Une jeune fille à moitié nue est en train de me demander de l’aide. Beaucoup d’informations à gérer.
“Vous voulez mon numéro ?”.
Elle sourit. La gentillesse même dans ses yeux que je découvre soudain. Qui est donc cette personne ? Et pourquoi porte t elle une tenue qui dit “regardez, vous ne verrez rien de moi”. Par contre, elle, ça se voit qu’elle pense “il débarque d’une autre planète celui-là”.
Et puis, elle prononce le mot “escort”. Je comprends que ça n’a pas de rapport avec la marque de sa voiture. Elle me propose de prendre son numéro pour continuer d’approfondir avec nos langues communes.
J’ai écouté il y a quelques jours 2 épisodes du podcast de témoignages “Transfert”.
L’un c’est le parcours d’une femme qui va glisser, en Suisse, dans la prostitution par esprit d’aventure, de liberté dit-elle… Ou peut-être entraînée par son inconscient d’enfant dont on a abusé.
L’autre, c’est la fille d’un mafieux, notamment proxénète, amateur de la Bulgarie et néanmoins père adoré.
Je l’ai remercié pour sa proposition comme on s’excuse de ne pas avoir de briquet.
Mais c’était comme si la face noire de notre monde était soudain là autour de moi. Dans chacun de nous. Et c’est vrai, j’étais un peu à des années lumières.
Un monsieur est arrivé. Elle est redescendue le chercher. Puis il est reparti un peu plus tard.
Elle est alors passée devant moi, surjouant la fierté. Comme pour anticiper un jugement dont elle a l’habitude de se protéger.
J’y ai repensé cette nuit. J’ai mal dormi.
J’ai pensé aux contrefaçons de l’amour.
A ce que je ne peux pas imaginer de l’histoire, des actes de chacun. Au fait que c’est ainsi et que chacun trouve là dedans finalement son idéal pour évoluer.
Au fait que j’ai forcément moi aussi des parties inconscientes qui me conduisent à croire vivre mais à être imperméable, pour partie à l’Amour.
J’aurais voulu trouver un truc qui ferait qu’elle retrouverait le regard que j’ai pourtant vu. Qu’elle voit dans mes yeux qu’elle mérite d’être aimée peut-être et de faire plutôt des magnifiques clips au bord de la piscine, comme ça, gratuitement. Juste pour amuser des enfants. Au pire, je lui aurais payer un maillot de bain normal.
Et j’aurais pu aussi lui dire que nous les mecs, on n’a qu’à se bouger aussi pour que la vie soit plus saine.
-retour sur terre –
A 4h44, l’impulsion me vient de regarder mon téléphone. Cette heure signifie “apprêtez vous à sortir de votre zone de confort”. Allons bon !
5h30, j’essaie de m’endormir pendant une méditation de 10 min. Excellent la méditation. D’autant que j’ai eu une idée lumineuse pour la route. Aucune application le conseille mais je crois c’est faisable.
Emprunter l’autoroute pour la sortie de Sofia. Sur 7 km. Il y a un bas côté large. Ça me permet de réduire de 10 km le parcours.
Je prends mon temps. Reprise difficile. Mais les 20 derniers se font sur une route totalement abandonnée. Un régal d’autant que le temps est redevenu agréable.
Heureux d’être arrivé. Reste à gérer le second problème du jour. L’absence d’hôtel. Peut être l’occasion de tester maintenant comment je gère une nuit à la belle étoile me dis-je.
Je vous donne mon truc quand je n’ai pas de solutions. Je ne m’en occupe pas. Je fais d’autres trucs qui me font super plaisir.
Restaurant, sieste sur la pelouse du village.
Et là, reposé, en avançant dans le village, je suis attiré par un bar.
Je rencontre Nicolaï et Evgeni. Ils ont de suite envie de m’aider. Ils me trouvent un hôtel à 4 km, qui n’est jamais apparu sur mes radars informatiques pourtant très fiables jusque là. Ils appellent pour vérifier la disponibilité. Banco !
On verra plus tard pour profiter de l’inconfort et ses cadeaux.
Les liens :
Face aux fantasmes – Transfert
Les princesses ne vont pas à l’école sous la pluie – Transfert
J’ajoute ce podcast comme contrepoint au cas où vous seriez plus attirés par “Amour et plus si affinités” finalement.
C’est une interview de Sarah Serievic, actrice et thérapeute, amie de Gitta Mallasz et Guy Corneau.
Nous avons la chance qu’elle suive cette aventure
Et si on aimait sans masque – (Ça va te plaire Christophe Belloeil )
Métamorphose podcast
Avec cette jolie phrase que j’ai notée : “L’amour c’est l’appel au vivant”.
Elles évoquent ensemble la nécessité d’affronter nos ombres pour dépasser les situations/propositions que la vie nous offre pour évoluer.
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.