Je le redis, je fais ça parce que je suis fonctionnaire d’État. C’est mon boulot l’intérêt général.
Essayer de montrer qu’il est possible d’arrêter les pires atrocités entre les hommes qui partagent la même Terre. Qui cherchent chacun pourtant à leurs manières et depuis la nuit des temps le chemin de l’Amour.
Parce que j’ai des enfants aussi. Parce que je veux qu’eux aussi en aient et que longtemps après nous, ils puissent dire : “nous faisions des choses stupides et puis un jour, tout a changé. Le monde entier s’est mis à rêver de “fêter chaque jour les vacances et de laisser l’amour briller” comme mère Madonna le rêvait en chantant dans “holiday célébration””…
J’aurais aimé apporté ma pierre à ce rêve…
Mais à 5h30 du matin j’avais juste des jambes en carton, dormi à peine 2h et je venais de carboniser des oeufs dans une poêle en fer.
Yann s’est levé. Il m’a rejoint et il était tellement adorable que j’allais moins mal. Puis Karine, Pascale, Yohann, Julien, Hélène, Paméla, Christian…
A 6h je les salue et je commence à regarder mon GPS pour regarder devant, avancer, essayer de mettre mon corps en mouvement dans la petite côte de départ. Je trottine…
En jettant un coup d’œil derrière moi, je les vois me suivre… Ça c’est un truc de dingue !
Voyez, je râle pour ma nuit, pour les bruits, pour mon corps, pour tant de choses… Parce que j’ai peur de décevoir mes enfants, même ceux qui espèrent à travers mon acte… Parce que que puis je-faire moi pour ce monde ?
Et puis vient un moment, où je me dis que c’est la facilité de râler. Que c’est toujours mieux de s’en prendre à l’extérieur plutôt que de voir que tous ces inconforts sont autant d’occasions de trouver comment je peux évoluer pour à transformer les situations, éviter même que l’inconfort arrive. Pour acquérir une capacité à embrasser la vie.
Joël et les amis se sont occupés de ranger mes affaires et moi, j’avançais sur les 26 premiers kilomètres… Alors je suis seul pour plonger à l’intérieur de moi.
3 choses m’ont aidé. Ce second marathon est le premier défi.
Les paysages tout en douceur, les arbres qui dansaient sur mon passage et tous ces animaux presque heureux de m’indiquer que j’étais sur le bon chemin…
Un message où j’apprends que ma fille, qui a accusé le coup hier lors de mon départ, a retrouvé le sourire. Je suis stupéfait par sa capacité à la confiance. Comme allégé, je me dis alors que je dois lui montrer qu’il fait soleil partout autour de moi et que mon chemin va participer à le propager dans notre monde à nous tous.
Enfin, je vois des signes partout. Je m’imagine comme un enfant qui choisit de donner sa main à un père qui serait la vie. Un enfant qui accepte les yeux fermés de se laisser guider. Quitte à avoir des jambes et des yeux qui piquent pour mieux voir. “aimer c’est voir” dit-on.
A 9h20, j’ouvre la porte du café de Patricia et Daniel. Le Patoudan. Km 26. Je vous laisse découvrir le témoignage de Patricia…
Ils sont si simples. Ça me bouleverse à chaque fois que ce soit la plus grande simplicité qui nous montre que tout est là. Dans l’écoute, le partage, nos drames inévitables et nos moments forts qui nous ont été offerts.
Je retrouve aussi Joël et la seconde partie du marathon ne va plus être la même.
Négative Split comme disent les champions. J’ai retrouvé mon énergie. Je galope. Un tout petit poney suisse disons…
Je suis tellement heureux que j’ai mille idées. Mille plans pour faire advenir un monde de rêves.
Je sais, en premier lieu, que je vais réussir à faire ces 51 km.
Alors je me baigne puis je m’arrête au bistrologue. Un bar où j’étais passé il y a 2ans en allant à Davos. J’avais adoré l’ambiance où l’on sentait la gratitude de tous les clients pour ce que leurs propriétaires, David et Natacha permettaient de subtil et profond pour tous les habitants du village. Voir David en vidéo.
Et puis, en arrivant enfin à la pancarte, il était tout de même 13h.
Joël nous a dégoté un magnifique restaurant…
Mais il faut absolument rapidement récupérer maintenant… Où dormir, trouver une douche et charger nos téléphones ?
Je regarde la ville depuis Google…
Et j’ai un flash. Je dis à Joël “l’idéal ce serait un petit jardin chez quelqu’un”…
On va au cœur de Neuillé pont Pierre. Au bar (c’était ma tournée aujourd’hui) de Hassan et Lulu également rencontré il y a 2 ans.
Dès que je les vois, la joie monte en moi. Il s’était passé quelque chose de spécial. Le temps avait dû s’arrêter. De sorte que c’est comme si je venais de les voir la veille.
Et le miracle, c’est que eux aussi se souviennent de moi et croient aussi à un rêve. Alors ils nous montrent leur jardin. 1000 fois plus beau que celui que j’avais visualisé.
Voir vidéo avec la femme sacrée qu’est Lulu et celle avec Joël et notre campement de Ouf…
Ça va piquer demain… Mais on va essayer
J’ai pensé à ma fille, à mon fils. Quelle étrange idée que de les laisser parce qu’on croit qu’il est temps d’oser suivre le mouvement de la vie en moi.
Merci à tous de vos commentaires. Ça fait très très chaud au cœur. Je m’excuse d’avance pour ceux auxquels je n’ai pas répondu. Faute parfois de temps… Sachez que je les lis…
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.